Journal de lectures

Polar, thriller, roman noir...

Message personnel OpCop 1, Arne Dahl

Dommage collatéral de la technologie et des nouveaux moyens de communicatDahl, Message personnelion, le monde globalisé est devenu un immense terrain de jeu pour la criminalité organisée. Dans le plus grand secret, une unité opérationnelle a été créée au sein d’Europol, à La Haye, pour tenter d’y faire face. Au menu : stratégie de l’ombre et collaboration transfrontalière. Son nom : Opcop. L’ambition de ses onze membres: poser les bases d’un FBI européen.
Juste avant de mourir, un homme glisse un message à l’oreille de l’un des représentants suédois du groupe, lors d’un sommet du G20 à Londres. Un message mystérieux proféré dans une langue inconnue. Peu après, le corps d’une jeune femme est retrouvé étrangement mis en scène dans un parc londonien. À l’intérieur du cadavre, on découvre un message cryptique directement adressé à l’unité Opcop. Problème : personne n’est censé connaître son existence… C’est le début d’une enquête déroutante qui jettera les membres du groupe aux quatre coins du monde dans un labyrinthe fatal.

Arne Dahl signe ici un roman dont l’enquête labyrinthique tient le lecteur en haleine tout au long des 464 pages. Le suspense empêche de reposer le livre une fois commencé. Message personnel est une réussite totale et on attend avec impatience OpCop 2.
Avec Message personnel, Arne Dahl, qui s’est vu décerner un prix spécial par la Swedish Academy of Crime Writers pour avoir « renouvelé le genre du polar », déroule le fil d’Ariane d’une série des plus prometteuses.
Arne Dahl est le nom de plume de Jan Arnald né en 1963 à Sollentuna. Critique littéraire et ancien rédacteur en chef d’Artes, le magazine littéraire de l’Académie suédoise, il est l’auteur d’une vingtaine de romans. Ses livres sont traduits dans une trentaine de langues et ont été récompensés par des prix littéraires prestigieux en Allemagne, au Danemark et en Suède. Ont déjà paru en France : Misterioso (Seuil, 2008), Qui sème le sang (Seuil, 2009), Jusqu’au sommet de la montagne (Seuil, 2011) et Europa Blues (Seuil, 2012).

 

Actes Sud, coll. « Babel Noir », traduit du suédois par Rémi Cassaigne, 464 pages, 23 euros. Disponible en numérique : 14,99 euros.

Rencontre avec Thierry Bourcy

Un policier dans les tranchées

Thierry Bourcy, auteur amiénois, Breton vannetais d’origine, s’est penché sur la Première Guerre mondiale pour le scénario d’un téléfilm qui a donné naissance à six polars autour du personnage de Célestin Louise, flic parisien.

Après un diplôme de psycho-pathologie, Thierry Bourcy a travaillé à l’hôpital psychiatrique de Vannes, jusqu’à sa rencontre avec le scénariste Bernard Revon (Baisers volés, Domicile conjugal). En 1985, il est assistant scénariste à Paris.

Aujourd’hui installé à Amiens, il écrit pour la télévision tout en réalisant des documentaires et des courts-métrages et en écrivant des romans. Fasciné depuis sa jeunesse par les livres policiers, il dévorait les Sherlock Thierry BourcyHolmes et tous les classiques. Plus tard, il a aimé lire les romans de Tony Hillerman, Dominique Manotti, Caryl Ferey, Don Winslow, Deon Meyer…

C’est tout naturellement qu’après avoir travaillé le scénario de La tranchée des espoirs, on lui propose d’en écrire un roman. C’est le premier volume de la série des enquêtes de l’inspecteur Célestin Louise, flic et soldat, La cote 512.

Un flic dans l’enfer des tranchées

La cote 512 - Thierry Bourcy - FolioEn 1914, Célestin Louise est policier à Paris. Sur le terrain, il traque et appréhende les malfaiteurs. Mais bientôt sonne la mobilisation générale. Plutôt que de rester à l’arrière, Célestin préfère rejoindre le front et se battre contre l’envahisseur.

Mais une fois au front, son instinct de policier reprend le dessus et il trouve matière à enquête.

En effet, le lieutenant qui commande sa compagnie meurt lors d’une attaque contre les tranchées allemandes. Le problème, c’est que la balle qui l’a tué l’a frappé dans le dos. C’est donc un tir français qui a abattu le lieutenant. Dès lors, Célestin enquête avec l’appui non officiel du  commandement.

Il se rend à l’arrière lors d’une permission afin d’en savoir plus sur le lieutenant et découvre une veuve pas si éplorée que ça et un frère qui a vite trouvé à la consoler. De cet imbroglio familial, Célestin devra faire la part des choses et garder la tête froide afin de faire éclater la vérité sur l’assassinat du lieutenant.

Très bien menée, cette première enquête de Célestin Louise fait la part belle à la guerre de tranchées.

Thierry Bourcy fait vivre au lecteur la guerre 1914-1918 au quotidien. De la vie de tous les jours, aux assauts, de l’approvisionnement des cantines à la mise en terre des dépouilles de soldats morts aux combats, c’est tout le panorama des atrocités de la guerre mais aussi des petits rien de la vie qui continue qui fait aussi l’intérêt de ce livre.

L’auteur explique s’être « immergé » dans les livres sur la Grande guerre, avoir vu des films, parcouru des livres de photos : « Je regarde beaucoup les photos pour m’inspirer ».

Une enquête par année de guerre

Après ce premier roman, et « grâce au soutien des lecteurs et de son éditeur », explique Thierry Bourcy, les aventures du flic soldat continuent.

L’auteur a écrit un épisode par année de guerre, si bien que Célestin Louise traverse la tempête européenne jusqu’en 1919, où il mènera sa dernière enquête.

Thierry Bourcy explique avoir trouvé l’inspiration de ses romans en lisant une biographie de Louis Renault pour écrire L’arme secrète de Louis Renault, s’être inspiré de Arsène Lupin, pour Le château d’Amberville. Les traîtres, est quant à lui un roman totalement inventé. Français et Allemands sont séparés par un lac dans lequel, un matin, un poilu repêche un cadavre au lieu de sa pêche habituelle. « C’est le plus imaginaire et le plus rocambolesque des livres de Célestin Louise », explique Thierry Bourcy. Le gendarme scalpé est, selon T. Bourcy, « l’intrigue la plus policière de la série au sens
classique. Je me suis amusé avec les soldats américains. C’est la rencontre de deux mondes : l’Europe et les États-Unis »
. La dernière aventure de Célestin Louise, Le crime de l’Albatros, est inspirée par Le réveil des morts, de Roland Dorgelès.

Thierry Bourcy écrit actuellement un roman sur ses années de collège à Vannes, chez les jésuites, et un polar qui se passe dans les années 1970, « pendant mon adolescence. J’ai déjà les personnages, l’intrigue, et je laisse vivre les personnages », détaille Thierry Bourcy.

En lien avec les aventures de Célestin Louise, Thierry Bourcy est consultant pour une série documentaire sur la guerre 14-18. Difficile de quitter un personnage auquel on s’est attaché…

Emmanuel Fleury

Une première version de cet article est parue dans le numéro 21, du 24 mai 2013, de Horizons – Nord-Pas de Calais.

Les larmes de Pancrace, Mallock

Mallock larmes pancrace

Les larmes de Pancrace a été réédité en février 2016 dans une nouvelle version revue et corrigée par l’auteur.

Lors de ses vacances dans le Bordelais, le commissaire Mallock est contacté par son ancien collègue, Gilles Guédrout, pour l’aider à enquêter sur le meurtre du propriétaire d’un grand cru classé, Jean de Renom, sauvagement assassiné. C’est son épouse, Camille, est qui accusée et incarcérée. Toutes les preuves sont contre elles Le scandale est national puisque Camille n’est autre que la fille de Sophie Corneille, députée et favorite pour la prochaine élection présidentielle.
Mallock va découvrir, lors de cette enquête, que d’autres drames ont marqué l’histoire de cette famille. D’autres crimes vont bientôt remonter des eaux troubles au fil de la recherche du véritable coupable, car on s’en doute bien Camille n’est pas responsable de la mort de son mari. Depuis le Moyen-Âge, la famille est victime d’une malédiction dont la première victime fut un certain Pancrace.

La première édition des Larmes de Pancrace

La première édition des Larmes de Pancrace

Mallock entraîne le lecteur dans une chasse à la vérité et fait monter la pression et le suspense au fil des pages. Nul doute que les Mallock (l’écrivain et le commissaire) savent distiller les indices pour tenir le lecteur en haleine tout au long de l’enquête. Ce roman, comme les précédents, est marqué du sceau inimitable de Mallock l’écrivain. Lecture indispensable, ce thriller de très bonne facture vous fera passer un excellent moment.

L’auteur : Jean-Denis Bruet-Ferreol, qui se cache sous le pseudonyme de Mallock (nom de famille du commissaire de sa série de thrillers littéraires), est peintre, photographe, designer, inventeur, directeur artistique, compositeur et, bien entendu et avant tout, écrivain. Depuis 2000, il ne se consacre plus qu’à sa carrière de peintre numérique au travers d’expos et d’édition de livres d’art, et à celle d’écrivain, notamment de romans policiers.

Les larmes de Pancrace, Mallock, Fleuve éditions, 468 pages, 19,90 euros

Miss Lily-Ann de Lucienne Cluytens

Miss Lily-Ann (Des yakusas à Roubaix ?), Lucienne Cluytens, Krakoën, 188 pages, 15 euros.

Résumé : Miss Lily-Ann, entreprise textile nordiste, intéresse les Japonais, mais les actionnaires ne veulent pas en entendre parler. Plutôt mourir que de céder à l’envahisseur asiatique ! Justement, la police trouve qu’on meurt beaucoup dans les environs. À qui profitent les crimes ? Aux investisseurs japonais ou à la directrice de l’entreprise ? Dynamique, charismatique et ambitieuse, Liliane Barré est le suspect idéal. À moins qu’elle ne devienne une cible à son tour.

Mon avis : Lucienne Cluytens signe ici un nouveau roman dont l’intrigue se déroule avec une logique implacable. Mais plus que tout, on sent que l’auteur a pris un plaisir immense en l’écrivant. Et du coup, le lecteur prend également beaucoup de plaisir à lire son roman. Polar également sociologique, Lucienne Cluytens décrit avec précision les conditions de travail en usine? Depuis les ouvriers jusqu’à la direction. Mais c’est aussi, plus que cela car, c’est aussi une histoire de famille qui est au centre de l’intrigue. Miss-Lily est un roman efficace qui devrait plaire à tous, même à ceux qui n’aiment pas vraiment les polars. Une très belle découverte que l’on doit aux éditions Krakoen, basées à… Roubaix.

lemecdelunderground présente « le Boss de Boulogne »

Découverte
Le Boss de Boulogne, Johann Zarca, Don Quichotte éditions, 178 pages, 16 euros
Le Boss de Boulogne vend de la drogue au bois de Boulogne, aux prostitués transsexuels et autres. Il évolue dans le monde violent de la drogue et de la prostitution jusqu’au jour où un transexuel se fait assassiné. Il pense que des gitans veulent prendre le contrôle de sa zone et le faire tomber. 

A priori, dans le rayon d’une librairie, je ne serai pas allé vers ce livre. Ce n’est pas mon genre de lecture. Je dois remercier les éditions Don Quichotte de me l’avoir transmis pour la page livres que je tiens dans Horizons — Nord-Pas de Calais. 
Parce que là, c’est une claque monumentale! Johann Zarca écrit bien. Même si sont style qui mêle argot, verlan, manouche et rebeu peut rebuter, il est extrêmement facile de le lire. Ça m’a fait l’impression de redécouvrir San Antonio. Une fois commencé, on ne peut plus arrêter et le style fait partie de l’immersion dans ce monde underground.

Le Boss de Boulogne est un livre brut, dur, hard, trash, à ne pas mettre entre toutes les mains. Ça sent le bitume, les moteurs chauds des michetons qui tournent et retournent à la recherche d’un(e) prostitué(e), comme le Boss qui livre sa dope au bois. Les personnages du roman sont aussi inquiétants les uns que les autres. Le monde du Boss est celui de la nuit, de la violence et de la drogue.
Zarca donne ici un grande leçon de style pour un premier roman: une vraie claque à tous ces romanciers qui, chaque année, aux rentrées littéraires exposent leurs misérables nombrils. Le Boss, c’est J. Zarca qui défie tous les styles. On pense à un San Antonio de 2014, qui aurait maille à partir avec Audiard, Joey Starr et tous des dealers. Le tout dans un grand mix qui explose les styles littéraires. Zarca a un style bien à lui, qu’il vous plaise ou pas. Le Boss et son auteur, connu par son site www.lemecdelunderground.com, sont une révélation.

Johann Zarca explique que Le Boss a été écrit il y a maintenant cinq ans. « Avant l’écriture de ce roman, j’ai beaucoup rodé dans le bois avec des potes, souvent en rentrant de soirées, puis j’ai accompagné l’un d’entre eux qui revendait du shit aux tapins de la Reine-Marguerite », indique-t-il. 
Ce qui lui a permis de découvrir les « secrets » de ce lieu fascinant. « Bien sûr, pendant l’écriture, j’y suis retourné, souvent seul, histoire de m’imprégner encore de cet univers. C’était important pour moi d’être le plus crédible et réaliste possible. Ainsi, beaucoup d’anecdotes ou de scènes du roman ont été rapportées de faits réels, que j’ai pu voir de mes propres yeux, parvenus à mes oreilles ou épluchés dans la presse », explique Johann.
La trame en revanche est purement fictive. Par contre, il n’est pas rare de croiser au bois des groupes de lascars, venus pour roder, foutre le bordel, chercher les embrouilles et insulter clients et prostituées. Et c’est là tout le paradoxe : l’homophobie et la transphobie est très présente dans ces milieux, et pourtant il suffit d’observer pour ce rendre compte que les lascars sont les principaux clients des prostitué(e)s. Je trouvais intéressant de travailler sur cette fascination attirance/répulsion qui constitue la trame.
Au niveau de l’écriture, je m’attache à rendre l’oral le plus littéraire possible, indique l’auteur. Je parle très argot dans la vie de tous les jours et écoute beaucoup de rap français, d’où l’influence. C’est un mélange d’argot ancien (à faible degré), de verlan, de manouche et de rebeu principalement, même si on retrouve d’autres influences (comme le wolof) »

La voie de la colère

La voie de la colère (Le livre et l’épée. Tome 1), Antoine Rouaud, Bragelonne, 480 pages, 25 euros

La Voie de la colère

Résumé : Le général Dun-Cadal fut le plus grand héros de l’Empire, mais il n’est plus aujourd’hui
C’est là qu’une jeune historienne vient le trouver. Elle est à la recherche de l’Épée de l’Empereur, disparue dans le chaos des derniers jours de son règne, et que Dun-Cadal aurait cachée en un lieu secret.
Pour elle, le vieux guerrier va ressasser ses souvenirs de gloire et ses regrets amers, à commencer par sa rencontre avec ce garçon qui lui sauva la vie et fit sa fierté avant qu’ils ne basculent tous deux dans le drame et le tourbillon de l’Histoire.
C’est alors qu’un assassin sans visage se met à frapper au cœur de la République. Les fantômes du passé refont soudain surface, ravivant les anciennes rancoeurs et la soif de vengeance d’un homme perdu sur la voie de la colère.

Mon avis : Avec La voie de la colère, les éditions Bragelonne ont offert une sortie mondiale à ce roman français de fantasy.
Antoine Rouaud est habitué à inventer et écrire des histoires puisqu’il a passé son enfance à le faire. Aujourd’hui, il travaille sur une série de feuilletons audio pour lesquels il a déjà remporté deux prix. Autant dire que c’est un écrivain qui sait comment s’y prendre pour écrire une histoire qui tient la route.
La voie de la colère est l’histoire du général d’empire Dun-Cadal et de son apprenti, Grenouille. Ces deux individus se sont rencontrés par hasard, lors de la bataille des Salines, où gronde la révolte. Grenouille sauve Dun-Cadal d’une mort certaine. Pour le récompenser, le général lui enseigne l’art de se battre. De retour à la capitale de l’empire, Grenouille poursuit son apprentissage et est adoubé chevalier, jurant fidélité à l’empereur.
Antoine Rouaud signe ici un vrai roman d’aventure fantasy digne des auteurs anglo-saxons. 
Les seuls reproches que l’on pourrait faire à ce livre, c’est qu’il se termine trop vite et qu’il va falloir attendre avant de pouvoir lire la suite.

Le cimetière des hirondelles

Le cimetière des hirondelles, Mallock, Fleuve Noir, 432 pages, 19 euros

Le cimetière des hirondelles

Résumé : « Je l’ai tué parce qu’il m’avait tué »… C’est l’unique réponse qu’obtient le commissaire Mallock lorsqu’il interroge Manuel Gemoni, homme honnête et sans histoire, parti un matin à l’autre bout du monde pour assassiner un vieillard qu’il ne connaissait même pas.

Que s’est-il passé dans la tête ou dans la vie de ce jeune papa, professeur d’université, étranger à toute forme de violence ? À quoi bon, pour Amédée Mallock, persister à mener cette enquête alors même que l’on sait avec certitude que Manuel est coupable ? Et comment parvenir à l’impossible : l’innocenter ?

Aux confins du possible, entre l’humidité hostile d’une jungle tropicale et un Paris englouti sous la neige, on retrouve dans Le cimetière des hirondelles Amédée Mallock, commissaire visionnaire qui, bien que misanthrope, n’a jamais cessé de lutter contre l’iniquité foudroyante du monde…

Jean-Denis Bruet-Ferreol, qui se cache sous le pseudonyme de Mallock (nom de famille du commissaire de sa série de thrillers littéraires) est peintre, photographe, designer, inventeur, directeur artistique, compositeur et, bien entendu et avant tout, écrivain. Depuis 2000, il ne se consacre plus qu’à sa carrière de peintre numérique au travers d’expos et d’édition de livres d’art, et à celle d’écrivain, notamment de romans policiers.

Mon avis : Mallock, auteur-héros de roman. Difficile de s’y retrouver. Les romans de Mallock sont-ils des souvenirs de ses enquêtes passées? Quand un personnage de roman crée un auteur, les lecteurs ne savent plus qui fait parler qui, qui raconte quoi…
Quoi qu’il en soit, ce roman vous tiendra en haleine tout au long de l’enquête de Mallock pour trouver pourquoi Manuel a tué un vieillard. Enquête de police, roman empreint de fantastique, mais aussi bien plus, Le cimetière des hirondelles vous réserve bien des surprises. Mallock à réellement un style inimitable où la poésie n’est pas absente. Faites-vous plaisir, que vous aimiez les thrillers ou non, lisez Mallock ! Ce livre est le troisième de la série des enquêtes de l’inspecteur Mallock. Si vous le pouvez, commencez par le premier livre : Le massacre des innocents, puis enchaînez avec Les visages de Dieu.

Écrit en lettres de sang, Sharon Bolton

bolton ecrit en lettres de sang

Écrit en lettres de sang, de Sharon Bolton vous embarque dans un thriller sur les traces de Jack l’Éventreur.

Résumé : À Londres, soir du 31 août. En regagnant sa voiture, la jeune policière Lacey Flint découvre une femme lacérée de coups de couteau, qui finira par mourir dans ses bras.
Quelques heures plus tard, une journaliste reçoit une étrange lettre anonyme rappelant celles qu’envoyait Jack l’Éventreur aux journaux.
Lorsqu’un deuxième meurtre a lieu, les ressemblances ne font plus aucun doute pour Lacey : l’assassin utilise le même mode opératoire et frappe les mêmes jours de l’année que son maître à penser. Mais pourquoi s’acharner sur des mères au foyer sans lien entre elles ? Tandis que l’enquête avance, des pans du passé de Lacey refont surface et semblent la relier au tueur. Cela n’échappe pas au commandant Joesbury, qui exaspère la jeune femme au plus haut point, l’attire, et la soupçonne aussi.

Mon avis : Et si Jack l’Éventreur revenait à Londres au XXIe siècle ?
Nul doute que Sharon Bolton possède l’art d’écrire un bon thriller. Elle mêle ici les références à Jack l’Éventreur sans faire de son roman une énième enquête pour trouver qui était Jack l’Éventreur. Ce livre est plein de rebondissements. Fréquemment, en fin de chapitre, en une seule phrase, l’auteur vous scotche au livre et vous empêche de dormir car vous n’avez qu’une envie : continuer à lire. Le suspense est au rendez-vous, les personnages sont attachants et l’histoire révèle une fin surprenante où le dénouement de l’enquête et l’histoire de Lacey se rejoignent. Écrit en lettres de sang est sans aucun doute possible l’un des meilleurs thriller de cette année.

Fleuve Noir, 560 pages, 21,90 euros. Traduit par Marianne Bertrand. 

Dans la lumière avec Barbara Kingsolver

Dans la lumière, Barbara Kingslover Rivages, 558 pages, 24,50 euros.

Critique réalisée dans le cadre du concours de blogs de PriceMinister

Résumé : Dans les Appalaches, au coeur de la forêt, Dellarobia Turnbow aperçoit une lumière aveuglante. La vallée semble en feu. Mais ces reflets rougeoyants n’ont rien à voir avec des flammes. Ce sont les ailes de centaines de papillons qui recouvrent le feuillage des arbres.
Cette étrange apparition devient un enjeu collectif : la communauté religieuse de la ville croit reconnaître un signe de Dieu et certains scientifiques invoquent une anomalie climatique. Toute l’Amérique se met à observer ce coin isolé, ancré dans les traditions rurales : Dellarobia comprend que de simples papillons vont bouleverser sa vie, et peut-être l’ordre du monde.

 Mon avis : Le roman s’ouvre sur ce que Dellarobia aperçoit : des arbres embrasés. Elle met du temps à comprendre que la forêt n’est pas en feu, mais que les arbres sont recouverts de papillons. « Une beauté surnaturelle lui était apparue, une vision de gloire qui l’avait clouée sur place. Pour elle seule ces branches se soulevaient, ces longues ombres se changeaient en une levée de lumière » (pp. 27-28).
Dès lors, la vie de Dellarobia et de la communauté dans laquelle elle vit va changer du tout au tout. Elles vont devoir affronter le monde des scientifiques, des écologistes qui savent que cet événement est annonciateur du pire. Les papillons, des monarques, devaient aller passer l’hiver au Mexique, mais leur route s’est arrêtée dans les Appalaches, soit bien loin de leur destination finale. Dans cet univers rural, une telle manifestation est le signe d’une intervention divine.
Sous une histoire qui peut paraître ardue par le thème abordé, l’auteur sait distiller quand il le faut des touches d’humour. Le site de l’embrasement de la forêt devient l’enjeu d’une lutte entre les autochtones et ceux qui veulent faire commerce de cet événement.
Dans la lumière est aussi l’histoire d’une prise de conscience individuelle, celle de Dellarobia, qui devrait inciter le lecteur à prendre conscience qu’il n’est pas seul dans son petit monde, mais qu’il appartient à un univers bien plus vaste, où le battement d’aile d’un papillon…

Lionel Davoust, raconteur d’histoires avant tout

Né en 1978, Lionel Davoust est un écrivain polymorphe qui suit des voies impraticables et multiplie les expériences. Après avoir occupé des fonctions éditoriales, il se consacre depuis dix ans à l’écriture. À l’occasion de la parution du tome 3 de Léviathan, j’ai posé quelques questions à Lionel Davoust.

 

Le troisième tome de Léviathan vient de sortir, comment se sont passées ces années d’écriture depuis le 1er tome ?

Dans un travail quasi continu et exclusif sur cette histoire. Pour cette raison, cela a été une expérience très intense ; je vivais avec cette histoire et ces personnages depuis des années, mais là, j’ai réellement partagé leur expérience au quotidien pendant près de trois ans. Il y a eu des moments forcément un peu difficiles, où l’écriture se refusait à moi, mais j’en garde surtout beaucoup de grands souvenirs, quand les fils d’intrigue se rejoignent, quand les révélations avancent, quand les dominos tombent et que les trois protagonistes principaux, Michael, Masha et Andrew luttent pour leur survie et leurs valeurs.  
Aviez-vous déjà en tête d’en faire une trilogie ou est-ce venu lors de l’écriture ?
 Je suis un écrivain structurel, c’est-à-dire que je planifie énormément avant d’écrire. Donc oui, je savais que ce serait une histoire en trois actes dès le début, même si certains détails ont changé en cours de route et que les frontières entre les grands mouvements ont un peu glissé. Néanmoins, j’avais un déroulé des grands évènements du début de La Chute jusqu’à la fin du Pouvoir avant même d’écrire la première scène du premier volume. J’aurais pu écrire l’épilogue du dernier tome en premier s’il avait fallu !

Vous « touchez » à plusieurs genres d’écriture : thriller, SF, fantasy. Comment passez-vous de l’un à l’autre ?
Je ne me pose pas la question. Je n’aime pas les étiquettes  en général, et ces boites étanches que l’on appelle les genres en particulier. Ils charrient tout un tas d’a priori et de fausses conceptions quant à ce qu’il est respectable de lire. Le thriller, ça fait peur. La science-fiction, c’est dans l’espace. La fantasy, c’est pour les gamins… Tout cela est aussi faux qu’absurde. En ce qui me concerne, j’ai seulement envie de raconter certaines histoires, qui ont pour point commun un certain décalage avec l’expérience quotidienne de la réalité, une sorte de faille dans la perception. Quand ce décalage est poussé au maximum, cela donne de la fantasy ou bien de la SF. Quand il est léger, quand on est proche de notre monde, cela donne Léviathan. Mais, pour moi, c’est un continuum.
Comment trouvez-vous l’inspiration ?
Je crois très peu à l’inspiration et beaucoup plus au travail. Je crois que la tache de l’écrivain consiste à aller chercher tout au fond de lui ce qui lui tient sincèrement à cœur dans le monde, et à le mettre en scène, l’interroger, de manière cohérente, esthétique, originale et divertissante. Pour moi, c’est cette honnêteté qui déclenche l’envie d’écrire ; c’est là que réside la fameuse inspiration, elle ne vient pas, elle se traque. Après, tous les moyens sont bons pour y parvenir. En ce qui me concerne, je m’efforce de me sortir la tête régulièrement du milieu littéraire, pour ne pas perdre de vue le « vrai » monde. C’est une des raisons pour lesquelles, au-delà des expériences uniques que cela procure et du désir de me rendre utile, j’essaie de partir tous les ans en volontariat écologique, dans un endroit à chaque fois nouveau, pour  me confronter à la nature.
Comment travaillez-vous à l’élaboration de vos livres ?
 Je vois l’écriture comme un exercice de funambule. Je planifie donc énormément de choses à l’avance, j’ai un plan détaillé, des fiches de personnage, des cartes des lieux (notamment pour les scènes d’action que je chorégraphie en détail), car je suis incapable d’écrire si je ne sais pas où je vais. Mais, une fois dans la rédaction, je prends de la distance avec tout ce matériel pour laisser la bride sur le cou à l’histoire ; ce n’est plus le moment de construire des architectures rigides mais de laisser tout ce petit monde vivre et respirer. Si cela implique que le livre prenne des chemins de traverse, très bien ; cela montre que les personnages ont suffisamment de réalité pour prendre des décisions qui peuvent m’étonner moi-même (et s’avérer souvent meilleures que ce que j’avais prévu !). C’est donc un équilibre constant entre préparation et abandon.
Quels sont vos projets ?
Il s’est récemment passé beaucoup de choses autour de Léviathan : le dernier tome, Le Pouvoir, est sorti tandis que le premier, La Chute, a été réédité en poche chez Points Thriller. Dans le même temps, j’ai codirigé l’anthologie de fantasy du festival Imaginales avec ma camarade Sylvie Miller, Elfes et Assassins, et une nouvelle, « Derrière les barreaux », est parue dans l’anthologie Les coups de cœur des Imaginales. Si tout se passe bien, mon recueil de nouvelles, L’importance de ton regard, devrait ressortir en numérique sous peu, et je vais revenir à Évanegyre, l’univers de fantasy de La Volonté du Dragon, mon premier livre, en 2014. Après, c’est plus flou, cependant, j’aimerais bien continuer à développer l’univers de Léviathan sous une forme ou une autre – mais dans quelques années, quand je serai sûr d’avoir quelque chose de nouveau à offrir !

Propos recueillis par Emmanuel Fleury

(Une première version de cet entretien est parue dans le numéro 26 du 28 juin 2013 de Horizons – Nord-Pas de Calais)

Une trilogie à succès

Léviathan (vol. 1) : La Chute, éditions Don Quichotte, 480 pages, 19,90 euros
La quête d’un biologiste marin traumatisé par un désastre d’enfance et d’une mère de famille initiée à des secrets occultes bannis par les religions de la lumière.
Léviathan (vol. 2) : La Nuit, éditions Don Quichotte, 480 pages, 22 euros.
La descente aux enfers d’un biologiste marin miraculé d’un accident en Antarctique, persécuté par un tueur en série qui s’acharne à détruire sa vie.
Léviathan (vol. 3) : Le Pouvoir, éditions Don Quichotte, 544 pagers, 23 euros.
Quand le thriller se conjugue à la fantasy urbaine. La conclusion épique de la trilogie Léviathan.
De nos jours, les progrès scientifiques ont chassé les vieilles superstitions et l’enchantement, cédant la place à une ère de raison ou même la religion chancelle. Or, dans les profondeurs de l’inconscient, les traditions antiques, les peurs ancestrales, il subsiste une  porte entrouverte sur des prodiges dépassant l’entendement. Ce n’est pas de la magie ; c’est du pouvoir. Rares sont ceux à y accéder. On les a appelés prophètes, sorciers, chamanes au fil des âges. La plupart ont été extermines sur le bucher, mais certains ont concrétisé les rêves les plus fous de l’humanité : richesse, domination. Jeunesse éternelle. Et ils se font la guerre – en riant.
Michael Petersen, biologiste marin, fait les frais de cette guerre. Pris dans une machination dont il ignore les enjeux mais dont il est la clef, il a vu presque tout son entourage périr de mort violente ; pire, il est lui-même la cible d’une chasse à l’homme qui le contraint à vivre en paria. Andrew Leon, l’agent du FBI qui a aidé la famille Petersen a fuir les États-Unis, est devenu lui aussi une proie : l’inquiétant Comité compte sur son outil de cartographie de la conscience humaine pour localiser Michael. Une course contre la montre s’engage, afin de détruire le biologiste avant l’éclosion de son pouvoir, capable d’anéantir l’organisation.
De révélation en rebondissement, le héros de Léviathan perce les voiles de l’illusion qui entourent son existence. Mais il devra d’abord lutter pour sa survie, avec l’aide d’une ombre prédatrice, d’un faux prêtre et d’une vraie mage, jusqu’à l’affrontement décisif.

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