Mallock est le nom de plume de Jean-Denis Bruet-Ferreol, écrivain, musicien, peintre… Mallock est aussi le nom du héros récurrent de ses romans : le commissaire Amédée Mallock.

 
L’année 2014 a été, sans conteste, l’année Mallock avec la parution des Larmes de Pancrace, chez Fleuve noir, et la réédition de ses deux premiers romans chez Pocket : Les visages de dieu et Le massacre des innocents.mallock visages de dieu
Les amateurs de romans policiers bien ficelés ont été comblés. Car la plume de Mallock est bel et bien inimitable. Les intrigues qu’il concocte sont tortueuses à souhait et ne laissent aucun répit au lecteur. Si bien que l’on se retrouve plongé dans ses romans sans avoir la possibilité de refermer le livre avant la fin. Mallock, c’est aussi un style qui fait mouche, précis, net, mais plein de poésie et de cette délicatesse que l’on trouve peu dans les romans policiers. Un roman de Mallock, c’est un peu comme une confiserie délicieusement empoisonnée. Rencontre avec un auteur aussi agréable à lire qu’à rencontrer. 

La nouvelle édition de Massacre des innocents est parue en septembre 2014. Elle suivait la réédition, en mai, de ton premier roman Les visages de dieu, peux-tu revenir sur la genèse de ce roman ?
La nouvelle édition de Massacre des innocents, comme cela a été le cas pour la

Mallock, écrivain, musicien, peintre… créateur de Mallock, commissaire bourru, très attachant, à découvrir.

Mallock, écrivain, musicien, peintre… créateur de Mallock, commissaire bourru, très attachant, à découvrir.

première « Chronique barbare », Les Visages de Dieu, a été pour moi l’occasion de tout un travail de mise à jour du roman. Outre les repentirs et la mise à jour de certains éléments suite à l’écriture des tomes suivants, j’aime à profiter de ces sorties en poche pour faire à mes lecteurs (souvent également des personnes qui le rachètent pour le relire) des surprises. Le grand format est alors très légèrement « raboté » pour lui donner encore plus de pertinence et de rapidité, comme un modèle de voiture de course dont on retravaillerait l’aérodynamisme. Puis je rajoute des scènes qui, soit me sont venues après, soit avaient été mises de côté pour ne pas trop allonger le livre. On est alors assez proche de la « Director’s cut » dont on parle au cinéma. Par exemple et pour être plus clair : dans le Massacre qui sort chez Pocket, il y aura, notamment, toute une série de chapitres concernant une piste non évoquée lors du grand format : « Le Mal des Ardents »!

C’est le deuxième roman de Mallock (aussi bien l’écrivain que le personnage). Avais-tu dans l’idée dès l’écriture des Visages de Dieu d’en faire une série avec le commissaire?
Avais-je tout prémédité ? Oui, votre honneur. Dès le tout premier livre, le concept de chronique barbare préexistait. L’ennéalogie était alors septologie. Le prochain grand format sera le numéro 5, donc le centre de l’oeuvre. Les « Chroniques barbares » forment un tout, une tentative d’écrire une « Comédie (in)humaine » sous le mode policier, décrivant les différentes raisons et facettes que peut prendre le mal chez l’Homme et qui le conduise inéluctablement à la barbarie. Mais, chacun de ces « thrillers baroques » est écrit indépendamment de la série, chaque histoire étant parfaitement autonome, afin de pouvoir être lu dans n’importe quel ordre.

Dès les Visages, le lecteur entre directement dans l’histoire de Mallock : la tragédie de la perte de son fils… As-tu déjà pensé à revenir sur cet événement dans un roman ? Je pense notamment à Indridason qui a écrit un roman sur les débuts de Erlendur Sveinsson, son personnage récurrent, ou encore à Wallander, de Henning Mankell.

En effet, si le temps m’est donné, j’ai prévu, non pas un mais trois livres, une trilogie-préquelle, que j’écrirai à la fin des neuf tomes. Le dernier des trois romans se Mallock massacre innocentsterminant par Mallock revenant des États-Unis et apprenant de la bouche de son supérieur, la mort de Thomas, ce qui raccroche l’ensemble au roman Les visages de Dieu. Donc 12 livres en tout.

Tes premiers romans n’ont jamais été publiés ?
J’ai en effet trois romans terminés que je n’ai pas voulu envoyer aux éditeurs. Trop… « exigeants », ils ne seront éditables que si mon nom en est le garant commercial.

Avant les Visages, j’ai écrit une bonne demi-douzaine de livres, mais je ne les trouvais pas assez aboutis, et c’est bien les Visages qui ont été mon premier envoi aux éditeurs. Cinq éditeurs, trois réponses favorables : j’ai choisi Le Seuil. En 2008, j’ai racheté mes droits. En 2012, Pocket est tombé dessus et m’a fait signé un contrat pour les Visages mais aussi pour le Massacre, parallèlement, je signais avec eux un contrat pour les suivants en grands formats.
Les Visages sont sortis en italien en septembre 2014, puis seront publiés aux États-Unis et en Angleterre en anglais au printemps 2015. J’ai présenté ma « septologie » dont Le cimetière des hirondelles déjà traduit, en juillet dernier à Londres.

Comment es-tu venu à l’écriture ?
Il ne me semble pas y être venu, j’ai l’impression d’y être né. Depuis les tous premiers cours de français à l’école, et les rédactions. À 20 ans, j’avais terminé mon premier roman (détruit, brûlé et mangé depuis). Et je n’ai jamais arrêté. Matin et soir, tous les jours…

Tu peins, tu fais de la musique, tu écris… Comment trouves-tu le temps pour toutes ces activités ?
Je ne peux pas m’en empêcher. C’est une sorte de maladie, ou plutôt, comme dirait Bradbury: « Un remède à la mélancolie ». Si je ne créé pas, je dépéris. Quant au temps qu’il faut dégager, ce n’est pas un problème, on en perd beaucoup devant des écrans futiles. Et puis, la seule chose importante, c’est l’énergie ! Et/ ou la motivation. Ce sont là des moteurs essentiels, bien plus que le talent. Ça, et une petite folie intérieure.

Y a-t-il des auteurs qui t’ont influencé ?
Il me faut préciser que je ne lis plus depuis une bonne vingtaine d’années. « Lire ou écrire, il faut choisir », c’est un problème de temps. Cependant, je peux citer, dans mes influence d’avant, Céline, bien entendu, Lovecraft, Albert Cohen, Bradbury, Jean Ray, Edgar Poe et, dans le genre qui nous intéresse : Thomas Harris.

Comment trouves-tu tes idées ? Et comment les travailles-tu?
Tant que je n’ai pas trouvé une idée, vraiment originale, « l’Idée » pleine de potentiel, passionnante et surprenante, je ne commence pas. C’est une recherche permanente. Une fois trouvée et « maturée » en cave pendant trois à cinq ans, je commence à en tirer un plan général, lui aussi soumis à l’épreuve de la « mise en garde ». Puis vient l’année du plan détaillé et des recherches. Suivie de l’année d’écriture, puis d’un an de relecture (3 versions) pendant laquelle je «hante» le livre, et le charge de tous les maléfices possibles !

 

Mallock, écrivain, musicien, peintre… créateur de Mallock, commissaire bourru, très attachant, à découvrir.