Polar, thriller, roman noir...

Étiquette : islamisme

Mort en eaux grises, Pierre Pouchairet

Résumé :

Mort en eaux grises, Pierre Pouchairet, Yves Saint-Martin, Jigal Polar

Après avoir été grièvement blessée lors d’une précédente affaire, c’est avec appréhension que la commandant Johana Galji reprend ses fonctions de chef de groupe à la police judiciaire de Versailles. Mais la découverte dans la Seine du corps d’un plongeur étrangement mutilé l’entraîne très vite dans une nouvelle enquête qui va révéler l’existence d’une menace effroyable pour la population. En effet, de la frontière turco-iranienne à Moscou, en passant par la Syrie, Conflans et Paris, une machination infernale est en train de se mettre en place… Il va falloir toute leur détermination à Johana et son équipe pour tenter de déjouer ce qui pourrait devenir l’une des plus terribles catastrophes de ces dernières années…

Mon avis :

Une nouvelle fois, Pierre Pouchairet met les enquêteurs qu’il avait introduit dans La prophétie de Langley sur des charbons ardents.
De la découverte d’un cadavre dans la Seine, jusqu’au Moyen-Orient, l’auteur nous dépeint une actualité sans cesse récurrente: attentats, relations internationales, trafic de drogues, islamisme…
Dans ce roman, l’auteur fait intervenir les enquêteurs en parallèle des terroristes pour finalement faire en sorte que le lecteur se retrouve, lui aussi, sur les traces des terroristes.
Mort en eaux grises est une fiction qui dépasse la réalité, c’est un thriller réaliste comme Pierre Pouchairet habitue maintenant ses fidèles lecteurs. Toujours précis, documenté, il se montre à chaque roman plus diabolique dans ses intrigues.

Pierre Pouchairet, en collaboration avec Yves Saint-Martin, Mort en eaux grises, Jigal, 232 pages, 19,00 €

Les droits d’auteur de ce roman seront entièrement versés à l’orphelinat mutualiste de la police nationale, Orpheopolis.

 

La filière afghane, Pierre Pouchairet

Résumé : Alors que la France est la cible d’actes terroristes, Gabin, Marie et leurs La filière afghanecollègues de la PJ enquêtent sur des dealers qui opèrent dans une cité de Nice. Après l’identification d’un réseau structuré et multicarte, les investigations vont remonter jusqu’en Afghanistan. Là-bas, entre le retrait des forces internationales et la succession d’Hamid Karzai, une page est en train de se tourner dans une ambiance délétère. Et c’est dans un climat de suspicion et de corruption généralisée doublé d’une violence aveugle que le flic niçois va découvrir les liens entre trafic de drogue et terrorisme ! De Nice à Kaboul, du Helmand aux Pyrénées s’engage alors, pour Gabin et son équipe, une traque impitoyable pour éviter le pire…

Mon avis : Quand fiction et réalité marchent main dans la main. La filière afghane est un roman, mais en est-on si sûr ?
Pierre Pouchairet n’en est pas à son coup d’essai dans le style de thriller réaliste. On lui doit déjà un polar niçois: Coke d’Azur puis Une terre pas si sainte qui se déroule en Palestine.
Après les attentats de Paris, ce roman donne à réfléchir, mais il ne faut pas oublier que c’est une fiction et un divertissement, et l’auteur réussit à tenir en haleine le lecteur tout au long de l’histoire. Ce roman fait incontestablement partie des romans qu’il faut lire !

La filière afghane, Pierre Pouchairet, Jigal éditions, 272 pages, 18,50 euros

L’expérience du terrain au service de l’écriture. Rencontre avec Pierre Pouchairet

Pierre Pouchairet est un ancien commandant de la Police Nationale qui a bourlingué en Afghanistan et les pays d’Asie Centrale. Il trouve son inspiration pour ses romans dans la géopolitique.
Quel est votre parcours jusqu’à l’écriture ?
Pierre Pouchairet

« C’est toute cette expérience professionnelle qui me permet d’illustrer mes livres. »

Si vous voulez parler de mon parcours professionnel en tant que policier, j’ai commencé comme inspecteur de police en 1981, affecté à la Police judiciaire de Versailles, au groupe criminel. Rien de plus formateur au niveau de la procédure et des techniques d’enquête. Ensuite j’ai continué, toujours en PJ, à Nice, une antenne de Marseille. Cette fois, dans un groupe chargé de la lutte contre le trafic de drogue. J’y suis resté douze ans. Des années particulièrement riches. Le Sud c’est le paradis pour un jeune flic qui a envie de bosser et les Stups c’est tout le contraire de la criminelle. La crime, on attend dans son bureau que le téléphone sonne et vous annonce la découverte d’un cadavre… Et toute une machinerie se met en branle. Les stups. Il faut se bouger pour trouver l’affaire sur laquelle on va enquêter, avoir des informateurs, un renseignement concernant un trafic, des dealers… Et là on commence à enquêter sans savoir à l’avance si on va matérialiser l’infraction, saisir de la drogue, arrêter les trafiquants. Que de souvenirs de cette période ! Des dizaines d’interpellations, parfois mouvementées. De très bons souvenirs et quelques drames.
J’ai ensuite goûté à une première expatriation à Beyrouth, trois ans et autant à Ankara. Il s’agissait de représenter l’OCRTIS (Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants) à l’étranger. Travailler sur les trafics en amont, coopérer avec les polices locales, c’est un tout autre boulot. À l’étranger, tout est question de diplomatie. On ne peut rien exiger des collègues locaux comme on le fait dans son pays. Obtenir un renseignement, une assistance, nécessite d’avoir de bons contacts… Une bonne connaissance du pays, des gens, de son administration… Doigté, patience, persévérance… En 2004, je suis rentré en France pour deux ans à Grenoble où j’ai été chef de la section criminelle avant de repartir pour l’étranger. Quatre ans et demi à Kaboul, un travail pas toujours facile, de la coopération technique : travailler à la reconstruction de la police Afghane, organiser des formations, fournir de l’aide logistique (matériel, construction de bâtiments) et puis un travail opérationnel recueillir des informations sur les trafics (et ils sont nombreux), le terrorisme, les enlèvements de français.
En 2010, j’ai quitté Kaboul pour Almaty (Kazakhstan) où je couvrais les pays d’Asie centrale (Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Kazakhstan et Tadjikistan). Nouvelles expériences, nouvelles mentalités.
En 2012, j’ai décidé de prendre ma retraite et de rejoindre ma femme qui travaillait en Palestine comme directrice du Centre culturel français de Naplouse, en Cisjordanie.
C’est toute cette expérience professionnelle qui me permet d’illustrer mes livres.
L’écriture… J’ai coutume de dire que lorsqu’on est flic, en police judiciaire, encore plus comme attaché dans les ambassades, on écrit déjà beaucoup. C’est donc venu presque naturellement. D’abord l’envie de raconter l’Afghanistan. Écrire un témoignage là-dessus m’a permis de comprendre a quel point la vie là-bas était hors norme, les risques, les enjeux. Sur place, le nez dans le guidon, on ne se rend pas compte de tout ce que l’on vit au quotidien. On banalise les choses. Après cela un premier polar niçois, Coke d’Azur puis Une terre pas si sainte qui se déroule en Palestine et La filière afghane.

Ce roman est troublant de réalité. Vous l’avez pourtant terminé en octobre 2014, soit quelques mois avant l’attentat de Charlie Hebdo et ceux qui ont suivi. Comment vous est venue l’inspiration pour écrire La filière afghane?

Déjà avec Charlie Hebdo, et maintenant après les événements du 13 novembre, mon roman colle effectivement tristement à la réalité. Mon expérience du Moyen-Orient et de l’Afghanistan m’ont permis de bâtir mon récit. La montée du fanatisme religieux, même si on en parle assez peu, est aussi une menace qui pèse sur l’Asie Centrale. Le Kazakhstan est régulièrement secoué par des attentats sanglants. Quand j’étais à Kaboul, puis Almaty, j’ai représenté plusieurs fois la France La filière afghanedans des réunions internationales portant sur la lutte contre le terrorisme, ce qui m’a permis d’avoir une assez bonne connaissance des menaces ainsi que des techniques d’endoctrinement. Et puis, même si je ne suis plus flic, j’ai encore de bons contacts dans les Alpes-Maritimes, un département particulièrement touché par les départs de jeunes vers la Syrie. Pour le reste, le résultat : les attentats en France. Mon livre, même s’il apparaît prémonitoire, ne fait qu’exprimer ce à quoi on pouvait s’attendre. Et nous n’en sommes qu’au début.
Dans ce bouquin j’utilise toute mon expérience de l’Afghanistan et de mon métier de flic. Les personnages, les lieux décrits, tout est presque réel. Je décris des attentats dont j’ai été témoin ou sur lesquels j’ai travaillé, des lieux dans lesquels j’ai vécu, travaillé, des personnes que j’ai côtoyé. Il ne s’agit pas d’un livre « documenté » mais vraiment d’un retour d’expérience personnelle et professionnelle.

Alors que cette guerre contre le terrorisme et le fanatisme est plus que jamais d’actualité, vous montrez comment les forces de police française se trouvent désormais liées au terrorisme international et au trafic de drogue. Comment avez-vous abordé ces thèmes ?

Le trafic de drogue est le principal mode de financement du terrorisme à travers le monde… Mais l’État islamique bénéficie d’une énorme source de revenus avec le pétrole qu’il revend, par l’intermédiaire de trafiquants, à la Turquie. Mon livre se focalise sur Al-Qaïda et les relations avec les Talibans. Tout le sud de l’Afghanistan est envahi par la culture du pavot. Et l’exploitation des plantes à drogue est intimement liée à l’importance de la rébellion dans ces zones. Combattre le trafic de drogue, c’est effectivement combattre le terrorisme et les Afghans en sont parfaitement conscients. Nul doute que si les forces de l’Otan arrivent à détruire les installations pétrolières de l’État Islamique, le groupe terroriste se retournera vers d’autres trafics et la drogue en premier lieu.
La filière afghane est avant tout un polar. Sous l’aspect ludique qu’offre la lecture d’une fiction, j’essaye de donner au lecteur quelques clés pour comprendre ce qui se passe dans des régions qu’on connaît mal, la montée du djihadisme en France, ainsi que l’importance de la menace. Gabin, mon héros, est un flic habitué à enquêter sur des trafics locaux. Il découvre tout cela en même temps que le lecteur. Lui et son équipe sont parfois dépassés par des événements auxquels ils ne s’attendaient pas. Même si les thèmes paraissent difficiles, j’essaye que mon livre garde un rythme soutenu pour que le lecteur n’ait pas le temps de s’ennuyer. J’espère que c’est le cas.

Quels sont vos prochains projets d’écriture ?

Je suis en train de terminer une suite à Une terre pas si sainte, un polar qui se passait en Palestine. Cette fois, Gabin et son équipe niçoise seront absents. Je laisse le premier rôle à Maïssa, une flic palestinienne et Guy et Dany, deux policiers israéliens. Ce livre va me permettre de continuer de parler de la Cisjordanie et des relations difficiles entre Juifs et Arabes, tout en essayant comme dans le premier polar de ne jamais prendre partie.

À la lumière de ce qui vient de se passer à Paris, votre roman résonne encore avec plus de force dans l’esprit des lecteurs. Un écrivain devient ainsi le porteur d’une actualité et décrit des faits de société avec une réalité troublante. Est-ce un de vos souhaits de coller ainsi à l’actualité ?

Difficile de répondre vu ce qui vient de se passer, difficile d’avoir raison d’imaginer le pire, mais oui, mon souhait est de coller à la réalité, ou plus exactement de faire réfléchir le lecteur sur celle-ci, de lui donner des clés pour comprendre certaines choses… Mais je ne veux pas non plus me cantonner dans ce genre… J’ai envie d’écrire un livre qui ne soit qu’une aventure fiction quelque chose de moins sérieux… On verra pour la suite.

Propos recueillis par Emmanuel Fleury

Cette interview est parue dans le n°50, du 11 décembre 2015, d’Horizons – Nord-Pas de Calais

 

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