Un policier dans les tranchées
Thierry Bourcy, auteur amiénois, Breton vannetais d’origine, s’est penché sur la Première Guerre mondiale pour le scénario d’un téléfilm qui a donné naissance à six polars autour du personnage de Célestin Louise, flic parisien.
Après un diplôme de psycho-pathologie, Thierry Bourcy a travaillé à l’hôpital psychiatrique de Vannes, jusqu’à sa rencontre avec le scénariste Bernard Revon (Baisers volés, Domicile conjugal). En 1985, il est assistant scénariste à Paris.
Aujourd’hui installé à Amiens, il écrit pour la télévision tout en réalisant des documentaires et des courts-métrages et en écrivant des romans. Fasciné depuis sa jeunesse par les livres policiers, il dévorait les Sherlock Holmes et tous les classiques. Plus tard, il a aimé lire les romans de Tony Hillerman, Dominique Manotti, Caryl Ferey, Don Winslow, Deon Meyer…
C’est tout naturellement qu’après avoir travaillé le scénario de La tranchée des espoirs, on lui propose d’en écrire un roman. C’est le premier volume de la série des enquêtes de l’inspecteur Célestin Louise, flic et soldat, La cote 512.
Un flic dans l’enfer des tranchées
En 1914, Célestin Louise est policier à Paris. Sur le terrain, il traque et appréhende les malfaiteurs. Mais bientôt sonne la mobilisation générale. Plutôt que de rester à l’arrière, Célestin préfère rejoindre le front et se battre contre l’envahisseur.
Mais une fois au front, son instinct de policier reprend le dessus et il trouve matière à enquête.
En effet, le lieutenant qui commande sa compagnie meurt lors d’une attaque contre les tranchées allemandes. Le problème, c’est que la balle qui l’a tué l’a frappé dans le dos. C’est donc un tir français qui a abattu le lieutenant. Dès lors, Célestin enquête avec l’appui non officiel du commandement.
Il se rend à l’arrière lors d’une permission afin d’en savoir plus sur le lieutenant et découvre une veuve pas si éplorée que ça et un frère qui a vite trouvé à la consoler. De cet imbroglio familial, Célestin devra faire la part des choses et garder la tête froide afin de faire éclater la vérité sur l’assassinat du lieutenant.
Très bien menée, cette première enquête de Célestin Louise fait la part belle à la guerre de tranchées.
Thierry Bourcy fait vivre au lecteur la guerre 1914-1918 au quotidien. De la vie de tous les jours, aux assauts, de l’approvisionnement des cantines à la mise en terre des dépouilles de soldats morts aux combats, c’est tout le panorama des atrocités de la guerre mais aussi des petits rien de la vie qui continue qui fait aussi l’intérêt de ce livre.
L’auteur explique s’être « immergé » dans les livres sur la Grande guerre, avoir vu des films, parcouru des livres de photos : « Je regarde beaucoup les photos pour m’inspirer ».
Une enquête par année de guerre
Après ce premier roman, et « grâce au soutien des lecteurs et de son éditeur », explique Thierry Bourcy, les aventures du flic soldat continuent.
L’auteur a écrit un épisode par année de guerre, si bien que Célestin Louise traverse la tempête européenne jusqu’en 1919, où il mènera sa dernière enquête.
Thierry Bourcy explique avoir trouvé l’inspiration de ses romans en lisant une biographie de Louis Renault pour écrire L’arme secrète de Louis Renault, s’être inspiré de Arsène Lupin, pour Le château d’Amberville. Les traîtres, est quant à lui un roman totalement inventé. Français et Allemands sont séparés par un lac dans lequel, un matin, un poilu repêche un cadavre au lieu de sa pêche habituelle. « C’est le plus imaginaire et le plus rocambolesque des livres de Célestin Louise », explique Thierry Bourcy. Le gendarme scalpé est, selon T. Bourcy, « l’intrigue la plus policière de la série au sens
classique. Je me suis amusé avec les soldats américains. C’est la rencontre de deux mondes : l’Europe et les États-Unis ». La dernière aventure de Célestin Louise, Le crime de l’Albatros, est inspirée par Le réveil des morts, de Roland Dorgelès.
Thierry Bourcy écrit actuellement un roman sur ses années de collège à Vannes, chez les jésuites, et un polar qui se passe dans les années 1970, « pendant mon adolescence. J’ai déjà les personnages, l’intrigue, et je laisse vivre les personnages », détaille Thierry Bourcy.
En lien avec les aventures de Célestin Louise, Thierry Bourcy est consultant pour une série documentaire sur la guerre 14-18. Difficile de quitter un personnage auquel on s’est attaché…
Emmanuel Fleury
Une première version de cet article est parue dans le numéro 21, du 24 mai 2013, de Horizons – Nord-Pas de Calais.