Découverte
Le Boss de Boulogne, Johann Zarca, Don Quichotte éditions, 178 pages, 16 euros
Le Boss de Boulogne vend de la drogue au bois de Boulogne, aux prostitués transsexuels et autres. Il évolue dans le monde violent de la drogue et de la prostitution jusqu’au jour où un transexuel se fait assassiné. Il pense que des gitans veulent prendre le contrôle de sa zone et le faire tomber.
A priori, dans le rayon d’une librairie, je ne serai pas allé vers ce livre. Ce n’est pas mon genre de lecture. Je dois remercier les éditions Don Quichotte de me l’avoir transmis pour la page livres que je tiens dans Horizons — Nord-Pas de Calais.
Parce que là, c’est une claque monumentale! Johann Zarca écrit bien. Même si sont style qui mêle argot, verlan, manouche et rebeu peut rebuter, il est extrêmement facile de le lire. Ça m’a fait l’impression de redécouvrir San Antonio. Une fois commencé, on ne peut plus arrêter et le style fait partie de l’immersion dans ce monde underground.
Le Boss de Boulogne est un livre brut, dur, hard, trash, à ne pas mettre entre toutes les mains. Ça sent le bitume, les moteurs chauds des michetons qui tournent et retournent à la recherche d’un(e) prostitué(e), comme le Boss qui livre sa dope au bois. Les personnages du roman sont aussi inquiétants les uns que les autres. Le monde du Boss est celui de la nuit, de la violence et de la drogue.
Zarca donne ici un grande leçon de style pour un premier roman: une vraie claque à tous ces romanciers qui, chaque année, aux rentrées littéraires exposent leurs misérables nombrils. Le Boss, c’est J. Zarca qui défie tous les styles. On pense à un San Antonio de 2014, qui aurait maille à partir avec Audiard, Joey Starr et tous des dealers. Le tout dans un grand mix qui explose les styles littéraires. Zarca a un style bien à lui, qu’il vous plaise ou pas. Le Boss et son auteur, connu par son site www.lemecdelunderground.com, sont une révélation.
Johann Zarca explique que Le Boss a été écrit il y a maintenant cinq ans. « Avant l’écriture de ce roman, j’ai beaucoup rodé dans le bois avec des potes, souvent en rentrant de soirées, puis j’ai accompagné l’un d’entre eux qui revendait du shit aux tapins de la Reine-Marguerite », indique-t-il.
Ce qui lui a permis de découvrir les « secrets » de ce lieu fascinant. « Bien sûr, pendant l’écriture, j’y suis retourné, souvent seul, histoire de m’imprégner encore de cet univers. C’était important pour moi d’être le plus crédible et réaliste possible. Ainsi, beaucoup d’anecdotes ou de scènes du roman ont été rapportées de faits réels, que j’ai pu voir de mes propres yeux, parvenus à mes oreilles ou épluchés dans la presse », explique Johann.
La trame en revanche est purement fictive. Par contre, il n’est pas rare de croiser au bois des groupes de lascars, venus pour roder, foutre le bordel, chercher les embrouilles et insulter clients et prostituées. Et c’est là tout le paradoxe : l’homophobie et la transphobie est très présente dans ces milieux, et pourtant il suffit d’observer pour ce rendre compte que les lascars sont les principaux clients des prostitué(e)s. Je trouvais intéressant de travailler sur cette fascination attirance/répulsion qui constitue la trame.
Au niveau de l’écriture, je m’attache à rendre l’oral le plus littéraire possible, indique l’auteur. Je parle très argot dans la vie de tous les jours et écoute beaucoup de rap français, d’où l’influence. C’est un mélange d’argot ancien (à faible degré), de verlan, de manouche et de rebeu principalement, même si on retrouve d’autres influences (comme le wolof) »