Né en 1978, Lionel Davoust est un écrivain polymorphe qui suit des voies impraticables et multiplie les expériences. Après avoir occupé des fonctions éditoriales, il se consacre depuis dix ans à l’écriture. À l’occasion de la parution du tome 3 de Léviathan, j’ai posé quelques questions à Lionel Davoust.

 

Le troisième tome de Léviathan vient de sortir, comment se sont passées ces années d’écriture depuis le 1er tome ?

Dans un travail quasi continu et exclusif sur cette histoire. Pour cette raison, cela a été une expérience très intense ; je vivais avec cette histoire et ces personnages depuis des années, mais là, j’ai réellement partagé leur expérience au quotidien pendant près de trois ans. Il y a eu des moments forcément un peu difficiles, où l’écriture se refusait à moi, mais j’en garde surtout beaucoup de grands souvenirs, quand les fils d’intrigue se rejoignent, quand les révélations avancent, quand les dominos tombent et que les trois protagonistes principaux, Michael, Masha et Andrew luttent pour leur survie et leurs valeurs.  
Aviez-vous déjà en tête d’en faire une trilogie ou est-ce venu lors de l’écriture ?
 Je suis un écrivain structurel, c’est-à-dire que je planifie énormément avant d’écrire. Donc oui, je savais que ce serait une histoire en trois actes dès le début, même si certains détails ont changé en cours de route et que les frontières entre les grands mouvements ont un peu glissé. Néanmoins, j’avais un déroulé des grands évènements du début de La Chute jusqu’à la fin du Pouvoir avant même d’écrire la première scène du premier volume. J’aurais pu écrire l’épilogue du dernier tome en premier s’il avait fallu !

Vous « touchez » à plusieurs genres d’écriture : thriller, SF, fantasy. Comment passez-vous de l’un à l’autre ?
Je ne me pose pas la question. Je n’aime pas les étiquettes  en général, et ces boites étanches que l’on appelle les genres en particulier. Ils charrient tout un tas d’a priori et de fausses conceptions quant à ce qu’il est respectable de lire. Le thriller, ça fait peur. La science-fiction, c’est dans l’espace. La fantasy, c’est pour les gamins… Tout cela est aussi faux qu’absurde. En ce qui me concerne, j’ai seulement envie de raconter certaines histoires, qui ont pour point commun un certain décalage avec l’expérience quotidienne de la réalité, une sorte de faille dans la perception. Quand ce décalage est poussé au maximum, cela donne de la fantasy ou bien de la SF. Quand il est léger, quand on est proche de notre monde, cela donne Léviathan. Mais, pour moi, c’est un continuum.
Comment trouvez-vous l’inspiration ?
Je crois très peu à l’inspiration et beaucoup plus au travail. Je crois que la tache de l’écrivain consiste à aller chercher tout au fond de lui ce qui lui tient sincèrement à cœur dans le monde, et à le mettre en scène, l’interroger, de manière cohérente, esthétique, originale et divertissante. Pour moi, c’est cette honnêteté qui déclenche l’envie d’écrire ; c’est là que réside la fameuse inspiration, elle ne vient pas, elle se traque. Après, tous les moyens sont bons pour y parvenir. En ce qui me concerne, je m’efforce de me sortir la tête régulièrement du milieu littéraire, pour ne pas perdre de vue le « vrai » monde. C’est une des raisons pour lesquelles, au-delà des expériences uniques que cela procure et du désir de me rendre utile, j’essaie de partir tous les ans en volontariat écologique, dans un endroit à chaque fois nouveau, pour  me confronter à la nature.
Comment travaillez-vous à l’élaboration de vos livres ?
 Je vois l’écriture comme un exercice de funambule. Je planifie donc énormément de choses à l’avance, j’ai un plan détaillé, des fiches de personnage, des cartes des lieux (notamment pour les scènes d’action que je chorégraphie en détail), car je suis incapable d’écrire si je ne sais pas où je vais. Mais, une fois dans la rédaction, je prends de la distance avec tout ce matériel pour laisser la bride sur le cou à l’histoire ; ce n’est plus le moment de construire des architectures rigides mais de laisser tout ce petit monde vivre et respirer. Si cela implique que le livre prenne des chemins de traverse, très bien ; cela montre que les personnages ont suffisamment de réalité pour prendre des décisions qui peuvent m’étonner moi-même (et s’avérer souvent meilleures que ce que j’avais prévu !). C’est donc un équilibre constant entre préparation et abandon.
Quels sont vos projets ?
Il s’est récemment passé beaucoup de choses autour de Léviathan : le dernier tome, Le Pouvoir, est sorti tandis que le premier, La Chute, a été réédité en poche chez Points Thriller. Dans le même temps, j’ai codirigé l’anthologie de fantasy du festival Imaginales avec ma camarade Sylvie Miller, Elfes et Assassins, et une nouvelle, « Derrière les barreaux », est parue dans l’anthologie Les coups de cœur des Imaginales. Si tout se passe bien, mon recueil de nouvelles, L’importance de ton regard, devrait ressortir en numérique sous peu, et je vais revenir à Évanegyre, l’univers de fantasy de La Volonté du Dragon, mon premier livre, en 2014. Après, c’est plus flou, cependant, j’aimerais bien continuer à développer l’univers de Léviathan sous une forme ou une autre – mais dans quelques années, quand je serai sûr d’avoir quelque chose de nouveau à offrir !

Propos recueillis par Emmanuel Fleury

(Une première version de cet entretien est parue dans le numéro 26 du 28 juin 2013 de Horizons – Nord-Pas de Calais)

Une trilogie à succès

Léviathan (vol. 1) : La Chute, éditions Don Quichotte, 480 pages, 19,90 euros
La quête d’un biologiste marin traumatisé par un désastre d’enfance et d’une mère de famille initiée à des secrets occultes bannis par les religions de la lumière.
Léviathan (vol. 2) : La Nuit, éditions Don Quichotte, 480 pages, 22 euros.
La descente aux enfers d’un biologiste marin miraculé d’un accident en Antarctique, persécuté par un tueur en série qui s’acharne à détruire sa vie.
Léviathan (vol. 3) : Le Pouvoir, éditions Don Quichotte, 544 pagers, 23 euros.
Quand le thriller se conjugue à la fantasy urbaine. La conclusion épique de la trilogie Léviathan.
De nos jours, les progrès scientifiques ont chassé les vieilles superstitions et l’enchantement, cédant la place à une ère de raison ou même la religion chancelle. Or, dans les profondeurs de l’inconscient, les traditions antiques, les peurs ancestrales, il subsiste une  porte entrouverte sur des prodiges dépassant l’entendement. Ce n’est pas de la magie ; c’est du pouvoir. Rares sont ceux à y accéder. On les a appelés prophètes, sorciers, chamanes au fil des âges. La plupart ont été extermines sur le bucher, mais certains ont concrétisé les rêves les plus fous de l’humanité : richesse, domination. Jeunesse éternelle. Et ils se font la guerre – en riant.
Michael Petersen, biologiste marin, fait les frais de cette guerre. Pris dans une machination dont il ignore les enjeux mais dont il est la clef, il a vu presque tout son entourage périr de mort violente ; pire, il est lui-même la cible d’une chasse à l’homme qui le contraint à vivre en paria. Andrew Leon, l’agent du FBI qui a aidé la famille Petersen a fuir les États-Unis, est devenu lui aussi une proie : l’inquiétant Comité compte sur son outil de cartographie de la conscience humaine pour localiser Michael. Une course contre la montre s’engage, afin de détruire le biologiste avant l’éclosion de son pouvoir, capable d’anéantir l’organisation.
De révélation en rebondissement, le héros de Léviathan perce les voiles de l’illusion qui entourent son existence. Mais il devra d’abord lutter pour sa survie, avec l’aide d’une ombre prédatrice, d’un faux prêtre et d’une vraie mage, jusqu’à l’affrontement décisif.