Polar, thriller, roman noir...

Catégorie : Rencontre

Rencontre avec Claire Favan

Le nouveau roman de Claire Favan, Miettes de sang, la fait définitivement entrer dans la cour  des grands auteurs français de thrillers. Rencontre avec une écrivain à vous glacer le sang.

Comment vous êtes-vous mise à l’écriture ?Claire Favan

J’ai toujours aimé inventer des histoires. Jeune, j’ai commencé à écrire des romans, sans trouver la discipline d’aller au bout de mes idées. Avec le temps, du travail, de la volonté et une organisation compartimentée, tout s’est progressivement mis en place. Aujourd’hui, écrire fait partie intégrante de ma vie.

Quels sont vos auteurs préférés ?

J’aime les romans de Karine Giebel, Maxime Chattam, Chris Carter, Chevy Stevens, Phillip Margol in, Dan Wells, Olivier Norek, Laurent Guillaume, Jacques Saussey, Caleb Carr… La liste est infinie et s’allonge après chaque salon.
Même pour nous auteurs, c’est l’occasion de rencontrer des collègues, de sympathiser et d’avoir envie de découvrir leur œuvre.

Quelle est la genèse de Miettes de sang ?

_favan-miettes-de-sangComme tous mes romans, il est né à partir d’une idée autour de laquelle vient s’imbriquer une histoire. Pour Miettes de sang, tout s’est articulé autour de la personnalité de Dany.
Je voulais créer un personnage sous influence, écrasé par les contraintes. Dany ne peut pas réagir comme un individu normal parce qu’il a été privé de cette capacité par sa mère, entre autres. Pourtant, les évènements vont le pousser sur le chemin de la vérité. Au fil des pages, il va devoir grandir et conquérir sa place d’adulte aux yeux des autres.

Comment trouvez-vous l’inspiration ?

Les idées passent en permanence. Parfois, elles se laissent attraper et deviennent le point de base d’une scène, d’une personnalité, d’un rebondissement. Si cette première approche s’implante et commence à se ramifier sous forme d’une histoire complète, alors je passe à la phase rédaction du plan que je vais suivre tout au long de la rédaction du livre.

Comment travaillez-vous sur vos romans ? Dans quel cadre ? Sur ordinateur ou écrivez-vous sur papier ?

Une fois que je tiens tous les ressorts de mon intrigue, je rédige un plan détaillé par chapitre, une ligne de temps ainsi que des fiches personnages. Je consacre quelques heures à l’écriture le soir, après le travail. Et je le fais sur ordinateur, sauf en cas d’extrême urgence quand une idée réclame d’être notée sans tarder !

Philippe Georget et son policier Catalan

Philippe Georget a conquis son public avec trois romans récompensés par des prix littéraires qu’il collectionne. Rencontre avec un écrivain talentueux du pays Catalan.

 


Tout d’abord, pouvez-vous résumer votre parcours jusqu’à l’écriture ?

Âgé de 53 ans, je suis journaliste dans l’audiovisuel public depuis 1988. J’ai d’abord travaillé dans les locales de Radio-France (un peu partout dans l’Hexagone) avant de me faire embaucher à France 3. À Orléans d’abord puis à Perpignan.georget14sept2012nb-jpg
J’ai eu pendant une quinzaine d’années des velléités d’écriture, à savoir que j’ai commencé plusieurs livres sans jamais aller jusqu’au bout. Parce que le parcours de l’écrivain jusqu’au lecteur ressemblait trop à un parcours du combattant et que je me suis souvent découragé, doutant de mes capacités et de ma chance, et trouvant dans d’autres loisirs une meilleure détente pour un journaliste-père de trois enfants adorables mais exigeants.

Pourquoi le genre du polar ?

Je me suis tourné naturellement vers le polar parce que j’en lisais pas mal et que, bêtement, j’ai cru que, sous prétextes que c’était des romans faciles à lire, ce serait un livre facile à écrire. J’ai très vite déchanté. Car si l’auteur de polar doit construire une intrigue charpentée et captivante, il ne doit pas pour autant négliger tout le reste, le style, le décor, la psychologie.

Dans Méfaits d’hiver, Gilles Sebag cumule les faits divers, aussi bien personnels que professionnels. Il rejoint ainsi la cohorte des flics malheureux.

Pourquoi, d’après vous, les flics de la littérature sont-ils si peu vernis personnellement ?

Je n’ai pas tout à fait le même sentiment que vous sur mon personnage. J’ai « construit » Gilles Sebag justement en opposition aux héros que j’estimais avoir trop souvent rencontré dans mes lectures, à savoir des flics mal embouchés, qui consacrent toute leur vie à leurs enquêtes et qui par conséquent se retrouvent obligatoirement divorcés et fâchés avec leur progéniture. Gilles Sebag a deux enfants merveilleux dont il s’est toujours bien occupé, deux enfants qu’il aime et qui le lui rendent bien. Il a aussi une femme charmante dont il est toujours follement amoureux, qui l’aime aussi, même si cet amour possède sa part d’ombres. Bref, il s’agit d’un héros heureux en famille, bien dans son couple du moins jusqu’à ce que… Et oui, « comme les gens heureux n’ont pas d’histoire », il a bien fallu que je lui créé quelques déboires. Après une montée progressive de ses inquiétudes dans les deux romans précédents, Gilles Sebag traverse effectivement une très mauvaise passe dans Méfaits d’hiver. Mais son couple et sa famille n’explosent pas et Sebag se montrera peut-être (?) capable de surmonter l’épreuve. À suivre au prochain épisode.

Quels sont les auteurs qui vous ont influencé ?

C’est une question à laquelle les auteurs n’aiment pas trop répondre car nous préférons parfois vivre et travailler dans l’illusion de faire partie d’une sorte de génération spontanée, sans filiation et sans héritage. Mais si vous m’obligez à être honnête, j’avouerai sous la torture 😉 que parmi mes lectures, celle des romans de Mankell m’a sans doute beaucoup inspiré pour la construction de mes romans et celle d’Izzo pour le style et cette ambiance toute imprégnée d’un humanisme mélancolique.

Comment travaillez-vous ? Papier ? Ordinateur ?

Je travaille essentiellement sur l’ordinateur mais il m’arrive de plus en plus de sortir du confinement et de la solitude de mon bureau pour écrire au-dehors, sur un carnet. C’est peut-être une conséquence de mon métier de journaliste et de l’habitude d’écrire dans une rédaction mais je suis souvent plus concentré sur mon travail entouré de vie et de bruits.

Comment vient l’inspiration ?

Comme elle peut et parfois elle peut peu. Je suis incapable de préparer un plan très construit avant de me lancer dans l’écriture proprement dite. Les personnages mais aussi les décors m’imposent leurs choix. L’histoire chemine à leur rythme et s’élabore avec eux. Je navigue à vue une partie du livre, avant de tout reprendre depuis le départ (une ou deux fois, parfois plus) pour remettre un peu d’ordre et de cohérence dans le capharnaüm, reprendre un cap et m’y tenir.

Quels sont vos projets d’écriture ? 

Depuis mon premier roman paru en 2009, j’écris un roman sur deux avec mon personnage fétiche de flic perpignanais et les décors du pays catalan. Une fois ce roman terminé, je suis toujours impatient de quitter ces deux amis pour découvrir d’autres personnes et d’autres paysages.
Je pense rester encore un temps sur ce rythme. Les aventures de Gilles Sebag se déroulant par saisons, été, automne puis hiver, elles étaient prévues pour se clore un printemps. Mais comme ce personnage semble plaire – en France comme à l’étranger – et que j’aurai sans doute du mal moi aussi à m’en séparer, il est fort probable que je lui fasse jouer quelques prolongations.

Mettez-vous à table à Templemars le 24 septembre

Alors comme polar et gastronomie font bon ménage, venez à la rencontre de ces deux mondes où meurtres, saveurs, enquêtes et recettes se mélangent. Pour cette thématique «Polar et gastronomie», la médiathèque proposera toute une série de romans où la qualité descriptive des textes mettront l’eau à la bouche des lecteurs à travers une multitude de livres recettes mises à disposition.

Ce vendredi 23 septembre, à 20h, à la Médiathèque Noël Dejonghe, Stéphane Bourgoin animera une conférence sur les « Cannibales lecteurs, les tueurs cannibales ». Expert sur le sujet, il retracera la vie de tueurs en série. L’écoute de ces histoires vraies frappera les esprits et provoquera chez les lecteurs de vraies sueurs froides. (Entrée gratuite – public adulte)

Samedi 24 septembre, salle Henri Desbonnet, de 10h à 18h (Entrée gratuite), journée rencontres et dédicaces avec 34 auteurs de romans policiers. 18 auteurs nationaux, essentiellement des têtes d’affiches : Pieter Aspe, Frédéric Andreï, Stéphane Bourgoin, Gilles Caillot, Johann Étienne, Olivier Kourilsky, Dominique Manotti, Mallock, Éric Maravelias, Sandra Martineau, Martine Nougué, Olivier Norek, Lionel Olivier, Gaëlle Perrin, Stanislas Petrosky, Fabrice Pichon, Pierre Pouchairet et Jacques Saussey.

Seize auteurs régionaux Jean-Pierre Bocquet, Lucienne Cluytens, Jean-Marc Demetz, Laurence Fontaine, Maxime Gillio, Jess Kaan, Blandine Lejeune, Magali Lemaître, Jean-Christophe Macquet, Yvon Leroy, Éléna Piacentini, Christophe Piteux, Patrick St-Vast, Alex Türk , Michel Vigneron et Philippe Waret.

Les entrées aux conférences et au salon sont gratuites. salon du polar à templemars Le polar se met à table Pour cette neuvième édition, le salon du Polar se «met à table». Préparations et dégustations de petits plats sont les ingrédients indispensables aux meilleurs suspenses.

Liste des 35 auteurs de Templemars 2016

Frédéric Andréi (1re particip.)

Pieter Aspe (1re particip.)

Jean-Pierre Bocquet

Stéphane Bourgoin

Gilles Caillot (1re particip.)

Lucienne Cluytens

Jean-Marc Demetz

Nicolas Duplessier (1re particip.)

Johann Étienne

Laurence Fontaine

Sophie Jomain (1re particip.)

Jess Kaan

Olivier Kourilsky

Magali Le Maitre (1re particip.)

Yvon Le Roy

Blandine Lejeune

Jean-Christophe Macquet

Mallock (1re particip.)

Dominique Manotti (1re particip.)

Éric Maravelias (1re particip.)

Sandra Martineau

Olivier Norek

Martine Nougué (1re particip.)

Lionel Olivier

Gaëlle Perrin

Stanislas Petroski

Elena Piacentini

Fabrice Pichon (1re particip.)

Christophe Piteux (1re particip.)

Pierre Pouchairet (1re particip.)

Jacques Saussey

Alex Türk (1re particip.)

Patrick-S. Vast

Philippe Waret

Luc Watteau

Rencontre avec Thierry Bourcy

Un policier dans les tranchées

Thierry Bourcy, auteur amiénois, Breton vannetais d’origine, s’est penché sur la Première Guerre mondiale pour le scénario d’un téléfilm qui a donné naissance à six polars autour du personnage de Célestin Louise, flic parisien.

Après un diplôme de psycho-pathologie, Thierry Bourcy a travaillé à l’hôpital psychiatrique de Vannes, jusqu’à sa rencontre avec le scénariste Bernard Revon (Baisers volés, Domicile conjugal). En 1985, il est assistant scénariste à Paris.

Aujourd’hui installé à Amiens, il écrit pour la télévision tout en réalisant des documentaires et des courts-métrages et en écrivant des romans. Fasciné depuis sa jeunesse par les livres policiers, il dévorait les Sherlock Thierry BourcyHolmes et tous les classiques. Plus tard, il a aimé lire les romans de Tony Hillerman, Dominique Manotti, Caryl Ferey, Don Winslow, Deon Meyer…

C’est tout naturellement qu’après avoir travaillé le scénario de La tranchée des espoirs, on lui propose d’en écrire un roman. C’est le premier volume de la série des enquêtes de l’inspecteur Célestin Louise, flic et soldat, La cote 512.

Un flic dans l’enfer des tranchées

La cote 512 - Thierry Bourcy - FolioEn 1914, Célestin Louise est policier à Paris. Sur le terrain, il traque et appréhende les malfaiteurs. Mais bientôt sonne la mobilisation générale. Plutôt que de rester à l’arrière, Célestin préfère rejoindre le front et se battre contre l’envahisseur.

Mais une fois au front, son instinct de policier reprend le dessus et il trouve matière à enquête.

En effet, le lieutenant qui commande sa compagnie meurt lors d’une attaque contre les tranchées allemandes. Le problème, c’est que la balle qui l’a tué l’a frappé dans le dos. C’est donc un tir français qui a abattu le lieutenant. Dès lors, Célestin enquête avec l’appui non officiel du  commandement.

Il se rend à l’arrière lors d’une permission afin d’en savoir plus sur le lieutenant et découvre une veuve pas si éplorée que ça et un frère qui a vite trouvé à la consoler. De cet imbroglio familial, Célestin devra faire la part des choses et garder la tête froide afin de faire éclater la vérité sur l’assassinat du lieutenant.

Très bien menée, cette première enquête de Célestin Louise fait la part belle à la guerre de tranchées.

Thierry Bourcy fait vivre au lecteur la guerre 1914-1918 au quotidien. De la vie de tous les jours, aux assauts, de l’approvisionnement des cantines à la mise en terre des dépouilles de soldats morts aux combats, c’est tout le panorama des atrocités de la guerre mais aussi des petits rien de la vie qui continue qui fait aussi l’intérêt de ce livre.

L’auteur explique s’être « immergé » dans les livres sur la Grande guerre, avoir vu des films, parcouru des livres de photos : « Je regarde beaucoup les photos pour m’inspirer ».

Une enquête par année de guerre

Après ce premier roman, et « grâce au soutien des lecteurs et de son éditeur », explique Thierry Bourcy, les aventures du flic soldat continuent.

L’auteur a écrit un épisode par année de guerre, si bien que Célestin Louise traverse la tempête européenne jusqu’en 1919, où il mènera sa dernière enquête.

Thierry Bourcy explique avoir trouvé l’inspiration de ses romans en lisant une biographie de Louis Renault pour écrire L’arme secrète de Louis Renault, s’être inspiré de Arsène Lupin, pour Le château d’Amberville. Les traîtres, est quant à lui un roman totalement inventé. Français et Allemands sont séparés par un lac dans lequel, un matin, un poilu repêche un cadavre au lieu de sa pêche habituelle. « C’est le plus imaginaire et le plus rocambolesque des livres de Célestin Louise », explique Thierry Bourcy. Le gendarme scalpé est, selon T. Bourcy, « l’intrigue la plus policière de la série au sens
classique. Je me suis amusé avec les soldats américains. C’est la rencontre de deux mondes : l’Europe et les États-Unis »
. La dernière aventure de Célestin Louise, Le crime de l’Albatros, est inspirée par Le réveil des morts, de Roland Dorgelès.

Thierry Bourcy écrit actuellement un roman sur ses années de collège à Vannes, chez les jésuites, et un polar qui se passe dans les années 1970, « pendant mon adolescence. J’ai déjà les personnages, l’intrigue, et je laisse vivre les personnages », détaille Thierry Bourcy.

En lien avec les aventures de Célestin Louise, Thierry Bourcy est consultant pour une série documentaire sur la guerre 14-18. Difficile de quitter un personnage auquel on s’est attaché…

Emmanuel Fleury

Une première version de cet article est parue dans le numéro 21, du 24 mai 2013, de Horizons – Nord-Pas de Calais.

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